vendredi 7 mars 2008

Nostalgie...


Hier soir, j’en ai appris une bien bonne : Gary Gygax est mort.

A priori, cette nouvelle aurait dû avoir le même effet sur moi que la plupart des nouvelles du même acabit : on oublie et on passe à la suivante. Un peu comme une guerre, un génocide, un tremblement de terre en Iran ou un tsunami…où déjà ? On y pense quand on a deux minutes pour penser à autre chose qu’à soi ou à des trucs hyper importants comme le travail, les vacances, le réchauffement climatique, la paix dans le monde, la misère, etc…A peu près jamais, quoi. Sauf bien sûr quand une fondation a besoin d’argent, un journaleux de vendre son papier, un présentateur de délocaliser son JT au soleil pour une plage spéciale, ou quand on est soi-même tellement mal qu’on a envie de se rassurer en se disant que c’est pire pour d’autres. Ne parlons même pas des bonnes âmes en quête de rédemption…(rédemption de quoi puisqu'elles sont bonne ?)

Des morts il y en a tous les jours dans les journaux : faits divers, international, catastrophes naturelles. Il y en a des drôles, des bizarres, des massives, des épouvantables, des insupportables, des carrément marrantes,…Tout un tas de morts différentes. A croire que quelqu’un, quelque part, a vraiment essayé de faire dans l’exhaustivité, sur toute une palette allant du plus innommable au plus réjouissant…

Alors pourquoi la mort d’un gros américain en chemise à fleurs m’a-t-elle touché plus que d’autres ?

Sur l’instant, j’en ai souri, me repassant en un éclair toutes les bonnes raisons énumérée plus haut de reprendre tranquillement le cours de mes activités.

Et puis ce nom m’a trotté dans la tête. Petit à petit, il a rencontré des noms et des souvenirs auxquels il était indirectement lié.

Pourquoi ?
Parce que ce brave bonhomme (l’était-il ? Je l’ignore…) s’est fait une belle et sympathique fortune en dollars en « inventant » un jeu. Gary Gygax était l’inventeur du jeu de rôles.

Même encore aujourd’hui, à l’ère du tout vidéo, tout le monde se rappelle de ce qu’a été le phénomène jeux de rôles dans les années 80-90.

Pour moi, c’est tout simplement le bon vieux temps.

Pas le temps de l’insouciance, non. Ce temps-là est depuis longtemps rangé au rayon des petits souvenirs fugaces et des réminiscences mystérieuses. Pas besoin d’avoir une mémoire comme la mienne pour ne plus se souvenir du temps où on a réellement été insouciant.

Non. Rien que le bon vieux temps, ni exceptionnel, ni parfait. Simplement délirant et extravagant. Etais-je prédestiné à aimer ce « jeu » ou bien est-ce lui qui m’a en partie façonné ? Dois-je envoyer quelques personnes rejoindre le brave Gary six pieds sous terre ? Ou bien leur dire « merci, c’était très sympa » ?

Dans le fond, tout ça n’a pas grande importance : simple récit d'un élan nostalgique à peine éphémère, et qui disparaît sans laisser le moindre regret. Le jeu de rôle est loin derrière moi maintenant. Tout au plus un souvenir et quelques reliques poussiéreuses et jaunies qui émergent par moments, et qui font rire ou sourire.

Alors pourquoi en parler ? Pourquoi écrire ?

Parce que certains instants valent mieux que d'autres. En nous reliant à un souvenir, et puis à un autre, et encore un autre, ils nous font détricoter et retricoter le fil embrouillé de la mémoire.

Alors merci Gary Gygax, toi, inconnu parmi des milliards d'inconnus, morts passés, présents ou à venir. Merci pour cet instant de la soirée d'hier. Merci d'avoir eu une petite idée géniale il y a 42 ans...

5 commentaires:

Astrale a dit…

Comment s'est-il fait une forutne avec cette idée, même géniale?

Astrale a dit…

enfin...une fortune...:-)

Corto a dit…

Tout simplement en vendant des millions de boîtes de jeux, de livrets, etc...De même qu'une foultitude de produits dérivés ! Comme n'importe qui l'aurait fait à sa place :)

Un sacré bon plan marketing le JdR : une boîte qui ne contient pas tout, des extensions, des livrets, etc... Et quand vous avez enfin tout...UNE NOUVELLE EDITION !! Enfin...Pour ceux qui marchent ! (Les autres se contentent généralement d'un ou deux pauvres bouquins que quelques fans s'arrachent encore à prix d'or bien des années plus tard). Et je ne parle même pas des JdR qui ont dérivé vers le cinéma (Donjons et dragons par exemple) ou vers le jeu vidéo (Dongons et Drajons par ex...oh et puis zut !)

Ceci dit quand je dis qu'il s'est bâti une fortune peut-être pas tant que ça puisqu'il a été viré de sa propre société et qu'après il n'a plus fait grand chose.

Antony Manuel a dit…

Ben oui, tu vois comment sont les choses, j'avais vu du cynisme dans le début de cet article. Mais là j'ai lu jusqu'au bout et ça m'a attendri !
Dis, je le cache sur Internet mais je suis un sentimental, moi.
Beau billet ! Nostalgie quand tu nous tiens ...

Corto a dit…

Moi elle me tient vachement serré la bougresse ! En tout cas merci pour ce billet.