lundi 20 octobre 2008

Tragédie en plein d’actes : acte n° je-sais-plus-combien

(La maison offre un jambonneau à celui ou celle qui me fournira la réponse)

Ou

« je suis dégoûté de la vie et du blogging »

Scène, décor, chœur, blablabla… Corto c’est le héros, comme d’hab.
(Rien ne change parce que, comme dirait Galactus, « c’est dans les vieux héros qu’on fait les meilleures soupes ! »)

(Note : Oui je sais, je suis dans une phase déconstructiviste, c’est normal, tous les grands auteurs passent par là (Hergé, Terry Brooks, Kurumada, tous je vous dis). En fait c’est une phase créative qui survient quand l’auteur a un univers bien construit, bien établi et tout, et qu’il joue à tout ruiner exprès pour rigoler. En général le résultat est pourri et finalement ça le fait même pas rigoler, mais en l’occurrence, une tragédie antique sur des ruines, ça le fait plutôt bien quoi !)

Bref.

Chœur (tout plein de jeunes filles affriolantes en petite tenue)(ben oui, ça au moins ça reste) : Aaaaaaalors quoi Cortooo grand héros ??! C’est la dépriiiime ?
Corto (refusant de chanter, il s’assied sur une chaise dans un coin et parle) : Nan.
Chœur (décontenancé) : Ben… C’est quoi alors ?
Corto : C’est juste que j’en ai marre que personne ne vienne sur mon blog, c’est tout.
Chœur (rires chantés) : Aaaaaaah ! C’est que ça ?
Corto : Riez pas, c’est nul ! A quoi sert un blog que personne ne vient voir ? Plein de beaux billets que personne ne vient lire ? Avec de belles images et de beaux liens qui n’intéressent personne ?
Chœur (papillonnant autour de lui avec leurs mini-jupes diaphanes et légères) : Ca ne sert à rien pour sûr !
Corto (effondré) : Là-là-là ! J’en étais sûr. Je le disais ! Même vous, vous êtes d’accord. Je déprime pas mais je suis dégoûté. Je crois que je vais détruire mon blog…
Chœur (atterré, horrifié, éploré) : AAAAAAAAAAAAAAAAAAh !!
Corto : Dieux ! Quel cri suraigu ! Comment pouvez-vous porter la note aussi haut ?
Chœur : Le criiii est à la hauteuuuur de notre désarroiiiii !
Corto (se levant de sa chaise, immobile au milieu de la scène, les jeunes filles tassées dans un coin, leurs petites-petites robes froissées) : Eh quoi ?! Je ne comprends pas… Pourquoi vous mettre dans cet état ? Un blog c’est quoi ? Quelques octets éparpillés dans l’océan numérique. Enfin je crois (je suis nul en informatique). Quelques idées couchées sur le papier virtuel d’un ordinateur. Quelques pensées fugaces, des ressentis, des passions, des goûts, des humeurs. Rien au fond qui passionne un spectateur. Tout au plus y crée-t-on un lien éphémère avec quelques autres ilots isolés, frêles passerelles envoyées par-dessus les flots… On crée, on crée, on crée, on édite, on donne à la face du monde, et…
Oh…
Chœur : Ehh oui ! « Oh ! » Comprends-tu ?
Corto : Je ne l’ose.
Chœur : Tu donnes, ô Corto, à la face du monde, mais que donnes-tu ? Que sommes-nous, à part de légères créatures chantantes à peine vêtues ? Un chœur ne peut-il avoir un cœur ? Un blog, ce n’est rien, mais TON blog, c’est toi ! Si tu l’écrases, si tu le renies, n’est-ce pas un peu de toi que tu oublies ?
Corto : Je ne sais. Vous me faites douter. Ce serait vrai si vous existiez. Ou si j’existais, autrement que comme le simple pseudo de celui qui tient la plume-souris. Tout s’embrouille.
Chœur (à présent ratatiné dans le coin de la scène, presque invisible) : Mais que crois-tu que tu sois ? Et que sommes-nous ? Qu’est-il ? Tous dans la même galère nous dérivons.
Corto : Oui mais je croyais que c’était normal d’en avoir assez de son blog, d’en avoir marre que personne ne vienne, de vouloir passer à autre chose…
Chœur (voletant en tout sens comme des furies hurlantes) : Normal ? Normal ! Normal ! Il a dit normal ! Comme c’est normal ! Normal ! Normal ! NOR-MAL !
Corto (riant de bon chœur) : Arrêtez ! Ca va, c’est bon. Je vais chanter. Faux, mais ce n’est pas si grave, puisque rien n’est jamais vrai. Allons, allons, mes mies, cessez de bouder ! Comment me faire pardonner ?
Cœur (faussement chagrines) : C’est trop tard méchant héros ! Nous ne sommes point des objets qu’on utilise, dépose et puis oublie ! Brisées nous sommes par ta vilainie.
Corto : Mais c’était une blague, je vous dis ! Un blog, ça naît, ça vit, ça meurt, mais pour celui-ci ce n’est point encore l’heure ! Juste une étape qu’il fallait dépasser, un cheminement, un progrès. Et quand bien même il mourrait, que vous vivriez, parce que je vivrais, parce qu’Il vivrait, parce que… Après, je ne sais…
Chœur (chantant, dansant, jetant des pétales à tous les vents) : Oui, oui, oui ! Notre héros n’est plus maudit ! Ce n’est pas le plus haut, ni le plus beau. Il n’est pas grand, d’aucuns diraient petit (mais c’est très exagéré) ! Il n’est ni géant, ni riche, pas même en rimes. Oui mais… C’est notre hérooooos !
Corto (clin d’œil au public) : Ben oui. Pas le choix hein ?

Et voilà ! Fin de l’acte ultime de cette tragédie. Rendez-vous pour le prochain quand le héros aura le goût d’y revenir, et même Dieu ne sait quand. Fin aussi de l’exercice de style, que j’ai voulu stylé à défaut d’être vrai. Point de déprime, peut-être un rien de frime. Ecrire tel est le plaisir. Tel est mon plaisir. Je l’offre à la face du « monde » qui en fait bien ce qu’il veut, le bougre.