lundi 17 mars 2008

Tragédie en un acte



Moi : Ce week-end, j’en ai appris une bien bonne !

Chœur antique : Encore ?! (accompagnement à la lyre et au tambourin. Jeunes naïades à demi-vêtues dansant autour du héros)

Moi : Oui-oui-oui !!

Chœur : Et c’est quoi ? (voix masculines)

Moi : il paraît que je n’ai aucun fond, que j’aime me lire mais que je n’ai pas d’idées… (Yeux levés vers le ciel, mains crispées, imploration, prostration)

Chœur : Ooooooh !

Moi : Laissez-moi vous narrer les faits... (obscurité totale sauf un rai lumineux qui tombe sur le jeune premier. La musique s’arrête, le chœur disparaît. Le silence se fait) !! J’étais tranquillement installé dans mon vieux fauteuil, fumant une bonne petite pipe et lisant un bon roman, non loin du bon feu qui crépitait dans la bonne cheminée. Dehors, la neige tombait à gros flocons que le vent glacé emportait en tourbillons effrénés. Le doux vacarme de la tempête hivernale quand on est soi-même bien au chaud et à l’abri. Si j’avais eu un chien, il aurait été là, ce brave bon vieux pataud, couché sur le tapis, au pied de son bon maître…

(Aparté : Il se trouve que je n’ai pas de chien, qu’à cause du réchauffement climatique on n’a plus d’hiver, que je ne fume même pas un pétard, que je n’ai pas de fauteuil et qu’en fait de roman, à ce moment là je jouais sur mon PC. Mais bon…L’idée est quand même là : champ lexical de la tranquillité).

J’en étais donc là, lorsque soudain résonna dans le vide la sonnerie de mon téléphone portable (les premières notes de New Soul, vous voyez de quoi je parle).

Je pris l’appel.

C’était K !

(Aparté : appelons le ainsi afin de lui conserver un brin d’anonymat. On pourra d’ailleurs le retrouver sous le pseudonyme « Anonyme » dans des interventions sur d’autres blogs, sauf Pub and Co…Allez savoir pourquoi) !

Or donc, après une foultitude de minutes s’égrenant joyeusement au compteur, que me dit-il ?

Choeur : silence

Moi : Eh oh !

Chœur (revenant du bistrot) : Que te dit-il doooooonc ?? (voix enfantines et pas très claires).

Moi : Il me dit que lors d’un échange de mails avec M. (Aparté : anonymat aussi mais ce n’est pas Anonyme, si vous me suivez bien) celui-ci lui avait déclaré…
(tête basse, bras ballants)
…déclaré que le sieur Corto avait la fâcheuseté d’adorer se lire, se lire et se relire, bref de s’adorer tout court, mais qu’à part ça, sur le fond, c’était…ZERO !!

Chœur : Aaaaaahhh (mélange de voix étonnées et de murmures)

Or…

Or il se trouve que Corto c’est Moi ! Et que Moi c’est Corto !! (le masque tombe, le héros se redresse !)

Chœur : Quel flamboiement !! Les nues sont chassées par tant de luminosité !! (trois hommes et une femme)

Corto (ex-Moi) : N’ai-je donc vécu que pour tant d’infamie ?

Chœur : Ouiiiiiiiii !

Corto : C’est vrai ? Mais c’est très méchant !!

Chœur (hommes, femmes, enfants, chantant, riant, dansant) : Fin de cette pathétique histoirrrre ! De fond n’en cherchez poiiiint ! Vous qui avez lu ceci cherchez sous d’autres cieux, en d’autres lieux, dénonciations et calomniiiiies ! Vous ne lirez jamais ici, que du Cortooooo, c’est garantiiiie !

Et c’est déjà pas mal.

Sur le fond comme sur la forme.

vendredi 7 mars 2008

Nostalgie...


Hier soir, j’en ai appris une bien bonne : Gary Gygax est mort.

A priori, cette nouvelle aurait dû avoir le même effet sur moi que la plupart des nouvelles du même acabit : on oublie et on passe à la suivante. Un peu comme une guerre, un génocide, un tremblement de terre en Iran ou un tsunami…où déjà ? On y pense quand on a deux minutes pour penser à autre chose qu’à soi ou à des trucs hyper importants comme le travail, les vacances, le réchauffement climatique, la paix dans le monde, la misère, etc…A peu près jamais, quoi. Sauf bien sûr quand une fondation a besoin d’argent, un journaleux de vendre son papier, un présentateur de délocaliser son JT au soleil pour une plage spéciale, ou quand on est soi-même tellement mal qu’on a envie de se rassurer en se disant que c’est pire pour d’autres. Ne parlons même pas des bonnes âmes en quête de rédemption…(rédemption de quoi puisqu'elles sont bonne ?)

Des morts il y en a tous les jours dans les journaux : faits divers, international, catastrophes naturelles. Il y en a des drôles, des bizarres, des massives, des épouvantables, des insupportables, des carrément marrantes,…Tout un tas de morts différentes. A croire que quelqu’un, quelque part, a vraiment essayé de faire dans l’exhaustivité, sur toute une palette allant du plus innommable au plus réjouissant…

Alors pourquoi la mort d’un gros américain en chemise à fleurs m’a-t-elle touché plus que d’autres ?

Sur l’instant, j’en ai souri, me repassant en un éclair toutes les bonnes raisons énumérée plus haut de reprendre tranquillement le cours de mes activités.

Et puis ce nom m’a trotté dans la tête. Petit à petit, il a rencontré des noms et des souvenirs auxquels il était indirectement lié.

Pourquoi ?
Parce que ce brave bonhomme (l’était-il ? Je l’ignore…) s’est fait une belle et sympathique fortune en dollars en « inventant » un jeu. Gary Gygax était l’inventeur du jeu de rôles.

Même encore aujourd’hui, à l’ère du tout vidéo, tout le monde se rappelle de ce qu’a été le phénomène jeux de rôles dans les années 80-90.

Pour moi, c’est tout simplement le bon vieux temps.

Pas le temps de l’insouciance, non. Ce temps-là est depuis longtemps rangé au rayon des petits souvenirs fugaces et des réminiscences mystérieuses. Pas besoin d’avoir une mémoire comme la mienne pour ne plus se souvenir du temps où on a réellement été insouciant.

Non. Rien que le bon vieux temps, ni exceptionnel, ni parfait. Simplement délirant et extravagant. Etais-je prédestiné à aimer ce « jeu » ou bien est-ce lui qui m’a en partie façonné ? Dois-je envoyer quelques personnes rejoindre le brave Gary six pieds sous terre ? Ou bien leur dire « merci, c’était très sympa » ?

Dans le fond, tout ça n’a pas grande importance : simple récit d'un élan nostalgique à peine éphémère, et qui disparaît sans laisser le moindre regret. Le jeu de rôle est loin derrière moi maintenant. Tout au plus un souvenir et quelques reliques poussiéreuses et jaunies qui émergent par moments, et qui font rire ou sourire.

Alors pourquoi en parler ? Pourquoi écrire ?

Parce que certains instants valent mieux que d'autres. En nous reliant à un souvenir, et puis à un autre, et encore un autre, ils nous font détricoter et retricoter le fil embrouillé de la mémoire.

Alors merci Gary Gygax, toi, inconnu parmi des milliards d'inconnus, morts passés, présents ou à venir. Merci pour cet instant de la soirée d'hier. Merci d'avoir eu une petite idée géniale il y a 42 ans...