mercredi 23 septembre 2009

Je vois...



Puisque je ne peux pas toujours être aussi cynique que je le voudrais (et on le voudrait bien mon préééécieux...oui on le voudrait...)(et encore c’est même pas sûr en fait…). Puisque, contre toute attente (et contre vents et marées), rien ne parvient à déraciner en moi la petite chose bizarre qui me fait vibrer pour un oui ou pour un non...



Je me pose quelques instants, je dis « pouce, pause, stop».


Et tout s'arrête. (Eeeh oui ! C’'est comme ça que ça marche.)(comment ça vous etes dég ? C'est pas pareil pour vous ? Faut vous plaindre au concepteur, moi je n'y suis pour rien) 

J'ai posté il y a pas mal de temps une petite vignette (clic), extraite d’un album de Corto…Maltese, où on voyait ledit Corto regarder le ciel, debout à côté des Moaï de l’Île de Pâques. Dans un autre album, Corto retrouve ces vieux amis et se demande ce qu’ils peuvent penser  ; réponse muette à destination du seul lecteur : «nous regardons les étoiles», «les étoiles…», «les étoiles…»





J’y reviens encore et encore. Il y a des obessions comme ça... 

 

Des trucs qui ne me lâchent jamais vraiment, qui restent cachés bien au fond de je ne sais quel recoin du cerveau, et ne sont jamais aussi présents que quand ils se font oublier un moment (et c’est loin d’être un paradoxe).

 

Dans l’univers de Corto (dans lequel je suis né), les Moaïs, gardiens éternels de l’empire englouti de Mû, regardent les étoiles et en attendent eux seuls savent encore quoi.

 

Moi je ne regarde pas les étoiles, je ne garde rien et n’attend personne (enfin…presque). Regarder les étoiles c’est les tenir à l’écart, consentir à leur existence mais sans chercher à les connaître, c’est regarder un ciel nocturne d’août en n’y voyant que des points lumineux sur une toile sombre.



Les étoiles, moi je ne les regarde pas, je les vois.(1)


Et pourtant...

Lointaines au point d’en être inaccessibles, virtuelles au point qu’on puisse douter parfois de la réalité de leur existence, elles appartiennent à cette immensité qu’aucun mot ne saurait décrire. Elles m’entourent, me suivent, me précèdent. Elles mènent dans une indifférence polie leurs existences aux dimensions de l’univers, dont elles ne sont pourtant elles aussi que d’infimes fragments (mais moins infimes que moi, c’est un fait). Elles sont sourdes à mes hurlements de Lilliputiens, aveugles à mes réalisations moins que microscopiques. A côté d’elles je ne suis rien. Ou plutôt si : je suis l’infiniment petit, le quasi-rien mais qui « est » quand même.


Et je vois :


Ça :









Ou bien encore ça…







…Dès lors je sais qu’il n’y a pas de haut, pas de bas, pas de perspective. Alors l’émotion devient si intense que j’ai envie de pleurer. Mais pas de chagrin, ni de frustration. Tout au contraire : exaltation, exultation ! Dans une inversion hautement jouissive, c’est la micro-réalité qui s’efface brusquement, devient pâle et presque impalpable. Un sentiment qui ne se retrouve que dans certains regards... L’émotion à l’échelle de l’univers, des étoiles et du reste, un sentiment d’appartenance aussi fragile que tout le reste, mais d’un gigantisme disproportionné, incommensurable, inconnu de mes perceptions habituelles (1), qui sont un mélange improbable d’immobilité (sentiment angoissant d’un monde faussement stable parce que que nous tournons en même temps que lui) et de faux mouvement (courir, courir, courir, sur ce petit bout de caillou…aussi vainement qu'une fourmilière vue à hauteur d'homme).





Les étoiles me sont invisibles, insaisissables. Seules la science et la technologie développées par d'autres que moi, permettent à mes yeux de se représenter toutes ces merveilles dont j'ai posté ici quelques exemples hallucinants. Mais ces photographies, aussi sublimes, aussi oniriques soient-elles, ne prouvent pas que les étoiles existent, ne permettent même pas de les voir… Pas en vrai, pas comme je les vois.

 



Car même si je trouvais un beau gros vaisseau, pour voyager à travers la galaxie, même si j’employais chacune des secondes de mon existence à voyager dans le cosmos, je ne verrais jamais qu’une infinitésimale fraction de ce qu’il y a à voir.

 



Mais il y a comme ça des choses qui ne s’expliquent pas :

 


Des perceptions qui ne viennent de nulle part et ne définissent pas la réalité visible, mais qu’on sait être Vraies, paradoxalement plus vraies que d’autres qui ont l’air plus…rationnelles.



Des instants saturés d’une émotion venue de nulle part…qui repart et se cache pour mieux ressurgir à tout moment.



Je vois les étoiles.





Je vois les étoiles.




Les étoiles.










1 (mais sans consommation de petits champignons multicolores, je le précise) (Il faut toujours savoir rester un modèle pour la jeunesse).

Lien et remerciements : HUBBLE

10 commentaires:

Astrale a dit…

c'est un joli billet Corto! aussi beau qu'un score de 505 improbable au scrabble! ...

cornichonne a dit…

n'importe koi, celle-là! aucune poésie!

Astrale a dit…

ha mais pardon! le scrabble ...a ses bons côtés! poétiques parfois!

Corto a dit…

Dis donc Astrale : cette histoire de 505 points au scrabble, ça a un goût de vécu, non (505 c'est précis) ?
On sent bien en effet derrière ce com la même exultation que moi devant les étoiles !! :))

@ Cornichonne : je suis d'accord avec Astrale, la poésie est partout !

Corto a dit…

Et j'oubliais : merci à toutes les deux d'être passées par là !

L. a dit…

Beuuuhhhh... Il est trop long, ce billet. Y'a trop de mots ! Et il est venu trop vite ! On n'a pas été habitué à ça ! Tu as trahi le pacte de lecture !
Tu dois donc éliminé.

Et sinon à part ça hé ben ça va, s'il s'passe quequ'chose on vous l'dira.

C'est sans doute ton meilleur billet, tiens, au passage. Sur le fond comme la forme.

Juste parce que tu changes de registre, mine de rien. Et parce que tu y as mis ce qui manquait aux autres (enfin, c'était la loi de leur genre, ce n'était pas vraiment un manque même...). Ou plutôt non : tu y as enlevé ce qui, à trop donner dans le systématique, finissait par enlever lui-même à l'ensemble en tant que Tout (c'est de circonstance) : cette si savoureuse distance ironique qu'on trouve à chacune de tes lignes. D'habitude.

Du coup, pour une fois, on entend "je", entre tes lignes. ça n'est pas juste une mascarade pour s'épater soi-même. Ce n'est pas seulement écrit et pensé. C'est "vrai". Il n'y a pas de jeu de masques.

En plus de dix ans que je te connais, ça doit être la quatrième ou cinquième fois que ça arrive... Et à l'écrit, la toute première.

Or ça te réussit bien.

Corto a dit…

Rat.

Corto a dit…

Mais je t'aime bien quand même.

L. a dit…

Ha ouf !

J'ai eu peur.

Moi qui pensais te faire plaisir...

(tu sais quoi, j'ai justement vu en vrai rat, aujourd'hui... Et je ne parle pas métaphoriquement parce que sinon, j'aurais écrit que j'en avais vu plein, non, c'était un rat, à trente centimètres de moi, qui me dévisageais de ses yeux rouges bizarres) (le Crous est une expérience de chaque instant, pour moi... Au moins, comme ça, on sait ce qu'on y mange).

Ha la la, ce que c'est que la synchronicité, quand même... (oui, bon, là, elle est en mode "porte-clé", hein...).

Corto a dit…

Ooooh ça m'a fait plaisir hein... M'enfin quand j'ai lu qu'en 10 ans c'est la première fois que tu lis "je" dans ce que j'écris, ça m'a un peu fait bondir.